- Partie - Expansion des objectifs et moyens de l’État
- Chapitre - Accroissement des moyens d’intervention publique
Section - Les interprétations de l’expansion de l’État
Les phénomènes de croissance rapidement décrits pour la France n’ont rien de spécifique et s’observent aussi dans les autres pays. Les théories disponibles ne se rapportent pas spécifiquement à un pays — même si elles sont généralement construites à partir de l’observation d’une situation nationale — ; elles ont une portée assez générale. On sort du cadre spécifiquement français pour la recherche de ces explications.
Il existe une grande variété d’explications qui mettent chacune l’accent sur un ou quelques aspects du développement de l’État-providence. Chacune constitue donc une interprétation partielle du phénomène d’ensemble. Et il est nécessaire de prendre connaissance de plusieurs thèses ou types d’analyse pour se faire une idée de cette vaste dynamique historique que constitue l’apparition de l’État-providence.
Le classement de ces explications est délicat aussi bien au regard de leurs origines universitaires (ex. : certains économistes traitent de phénomènes non économiques) que leurs analyses du phénomène (NB : la plupart associe de multiples facteurs économiques, politiques, sociaux...). Cependant une présentation structurée par référence aux deux schémas d’interprétation déjà évoqués me semble assez pertinente :
- dans une perspective interactionniste, l’expansion de l’État est présentée comme un phénomène subi par l’homme, produit par de multiples facteurs macro-économiques et la somme des pressions exercées par de multiples groupes d’intérêts.
- dans une perspective directionniste, on rapporte cette expansion soit à une stratégie de la classe gouvernante pour faire face aux évolutions du système économique soit à des doctrines politiques ayant inspiré les élites gouvernementales et orienté leurs stratégies d’action publique.
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Sous-section - Un phénomène subi (schéma interactionniste)
Certains voient dans l’accroissement du rôle et des moyens de l’État, une conséquence des transformations économiques et sociales qui semblent échapper à toute stratégie gouvernementale d’ensemble. D’autres mettent l’accent sur les pressions exercées par différents groupes d’intérêt en faveur d’un accroissement des interventions publiques dans la sphère économique et sociale ; on a alors souvent l’impression que l’État-providence est un simple « effet de composition ». Dans ces deux séries d’interprétation, l’impression est donnée d’une absence de maîtrise humaine du phénomène décrit.
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Sous-section - L’effet des visées politiques (schéma directionniste)
Les marxistes considèrent que ce développement est un effet des dysfonctionnements économiques mais un effet volontairement orienté et en tout cas entretenu pour réduire ou compenser ces dysfonctionnements (Cf. Segment - L’expansion de l’État comme « béquille du capitalisme »). D’autres enfin soulignent le rôle des courants d’idées politiques, des idéologies et des rapports de force électoraux pour expliquer l’augmentation des services produits par les autorités publiques (Cf. Segment - Le produit de doctrines et de légitimations politiques).